Article 10 - Transat semaine 2

La transatlantique continue...

Iñaki

1/24/20253 min read

Transatlantique, semaine 2.

Aujourd’hui, c’est déjà le 14ème jour de navigation sur Tiboulen. Il est difficile de dire si le temps est vite passé ou pas. Globalement, on pourrait dire que les journées sont un peu longues mais qu’elles s’enchaînent vite. Chacun a son rythme propre en fonction de ses quarts et nous nous retrouvons lors des repas.

Cette semaine, les nuits ont été plus difficiles à cause de l’apparition des fameux grains des alizés. Nous avons passé plusieurs jours dans des bandes nuageuses impressionnantes, basses, qui ballotaient le bateau au grès des nuages. Le reste du temps, il fait beau la journée et nous avons quelques grains la nuit avec de la pluie et un renforcement du vent. Le vent monte dans les plus gros grains jusqu’à 35-40noeuds en vent réel, et en général plutôt autour de 30noeuds. Nous roulons le génois le temps que le grain passe, et, trempés, le redéroulons pour repartir à vitesse convenable. On a opté pour 2 ris dans la grand voile, configuration un peu « 4x4 » qui autorise le bateau à marcher à une moyenne d’environ 5-6noeuds dans le vent établi de 20-25noeuds, et qui ne force pas trop lorsque les grains se mettent sur notre chemin en permettant au pilote de fonctionner sans souci.

Les journées se ressemblent et ne se ressemblent pas vraiment, l’état de la mer change beaucoup, celui du ciel aussi. Nous postons une petite vidéo chacun tous les 4 jours sur Instagram, ça nous occupe bien. Un autre jour, c’est la lessive, un autre, la lecture, un autre, les films… Cette semaine, nous n’avons pas pu pêcher, la faute aux sargasses, ces algues qui prolifèrent en Atlantique. On passe parfois dans des bancs immenses, marrons, qui ralentissent le bateau. Comme les fruits et légumes du Cap Vert sont vite passés, nous avons commencé à défaire le stock impressionnant de boîtes de conserve accumulées depuis La Rochelle. On a aussi fait du pain, ça occupe bien ! Une petite satisfaction dans la journée. Nous jouons parfois le soir aux cartes, mais les parties sont difficiles à mener tant le bateau bouge en permanence. Ce roulis, on s’y est plutôt bien fait, mais devoir se tenir, soi et ses affaires, sans arrêt devient un peu fatiguant. Le bruit, avec les vagues qui s’écrasent sur le bateau, les craquements, claquements, bourrasques dans les voiles, verres qui s’entrechoquent dans les placards, est lui aussi vraiment fatiguant. Il faut pourtant être toujours en alerte du bruit suspect pour éviter les casses du bateau…

Un bel après midi, nous avons croisé nos copains étudiants des Arts & Métiers ! Quel moment de vie, après 11 jours de mer au large, de croiser un bateau à vue, à moins d’un km, et de pouvoir parler à la radio ! C’était une image très forte de voir nos deux bateaux à côté, partis le même jour et ayant suivi des chemins pourtant différents, ballotés par les mêmes vagues dans l’immensité de l’océan. En voulant le faire exprès, nous n’y serions pas arrivés. Heureux hasard !

Sensation bizarre que d’arriver bientôt, a priori dans la nuit de samedi 25 à dimanche 26. Une fois que l’on a passé la moitié du parcours, la sensation grisante de se rapprocher vraiment du but rend le voyage plus agréable. Après avoir parcouru plus de 1850 milles, il nous en reste 227 à l’heure oùa j’écris l’article. Il faut profiter tant que possible de ces derniers moments au grand large poussés par le vent et la houle, malgré la fatigue qui commence à se faire sentir. Fatigue, ou relâchement, car nous avons tous bien pris le rythme. Peut être est-ce la pression qui commence à redescendre ! En tous cas, on a hâte de dormir à plat, sans se soucier des grains, des bruits, de la pluie qui rentre dans le bateau… Vite, un vrai lit ! Et des vrais fruits, du fromage, de la viande… On ne sait pas à quel point on trouvera tout ce dont on a envie en Martinique, mais c’est la France, alors on espère pouvoir manger un peu comme à la maison ! En tous cas, cette perspective fait un peu mieux passer les plats qui se ressemblent jours après jours.

an abstract photo of a curved building with a blue sky in the background

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